"Interpréter n'est pas seulement traduire d'un langage à un autre langage, ni non plus fixer le sens d'une parole en signification thématisée. C'est permettre que le sens se meuve et circule sous les expressions diverses et multiples qu'emprunte le langage pour lui donner corps et vie." Marc-Alain Ouaknin. Concerto pour quatre consonnes sans voyelles. Pages 207-3§, PAYOT 2003

dimanche 4 mai 2008

LES HOMMES DE L'OMBRE VIII

CHAPITRE HUIT

Le temps de la raison.

De là-haut, Dieu, qui observe tout ce qui se passe sur la terre des hommes, voit sous ses pieds mon cœur en prière que je couche sur cette feuille de papier.

Je suis loin de ceux pour qui l’amour vrai est une marque de faiblesse, loin de ceux pour qui l'amour est synonyme de sexe et pour qui la femme s’apparente simplement à un objet de plaisir, à une source, à un torrent de jouissance bestiale.

J’aime ceux qui aiment les vrais amours qui enrichissent à la fois et l'être, le coeur et l'esprit, la vie et l'existence. J'aime ceux que le manque d’amour perturbe. Je suis très proche des innocentes fortes passions mais très loin des romantismes puérils et enfantins.

Dans mon esprit et mon être, je côtoie de compassion intimement les amoureux meurtris qui, malgré eux, souffrent d’avoir trop aimé, regrettent - hélas!- d’avoir mal aimé. Je suis l’ami de ceux qui, sans rancune aucune, bénissent ces êtres dont les aises libertines les ont condamnés à la souffrance alors que, encore meurtris par les séquelles, ils en gardent encore frais les souvenirs.

Car c’est falsifier l’histoire que de demander à un offensé d’oublier l’offense. Le fait est gravé dans la mémoire. Un rien peut le rappeler. Un éclat d'étincelle peut l'embraser.

Mais l’offensé peut néanmoins faire l’effort surhumain de pardonner. Ce n’est pas chose facile pour un cœur fondamentalement humain que de pardonner, je le conçois ; mais il faut faire un effort.

Car pardonner à l’autre une offense, c’est reconnaître que nous vivons tous dans un monde où les apparences de choses ne nous donnent qu’une fausse réalité qui ne reflète pas leur vérité. Pardonner, c’est reconnaître que les autres n’ont pas la même force de caractère que nous, si nous estimons être forts, pas le même vécu que nous, et par conséquent, ne réagissent pas comme nous aux différentes réalités de la condition humaine.

Cela est possible si nous le voulons vraiment. Je pense que l’homme peut pardonner dans la mesure où il comprend d’où vient l’erreur, qui a poussé l’autre à commettre l’acte dont il souffre. Et puis la souffrance n’est pas éternelle, bien que son souvenir le soit.

Toute personne qui ne veut pardonner, est à mes yeux un lâche. Ce n'est pas une question de pouvoir, puisque tut le monde le peut, mais de vouloir.

Croyez-vous que la terre pardonnera un jour à l’être humain tout le mal qu’il lui a fait subir depuis la création ?

- Si la terre n’avait pas encore pardonné à l’être humain son péché, l'homme ne pourrait plus y vivre un seul instant.

Mais, comme les écolos, la terre ou mieux la matière rappelle et impose à l’homme le respect de ses limites. Hiroshima est un avertissement. L’atome n’est qu’une infime particule de la matière, invisible à l’œil humain. Si une particule infime de la matière peut, en s’éclatant, faire autant des dégâts, de quoi serait capable, le créateur de l’atome ?

J’ai beaucoup de respect pour vos recherches, messieurs les savants chercheurs. Mais je vous en supplie, laissez l’atome tranquille dans sommeil et ne vous amusez pas à l’enculer pour en sortir, je ne sais, quelle arme encore. Car que vous ne savez pas encore en maîtriser les réactions.

Il me vient que, souvent, seul en proie aux noirs désirs, je nous revois, Lui, elle et moi, unis en pataugeant dans la crasse boueuse de cette vie, tentant de résoudre, sans espoir, les questions du présent et de l’avenir, essayant de comprendre, de saisir l’énigme du mensonge universel, la teneur de la vérité éternelle, la réalité du vide ou du non-être et, éventuellement, du non-sens de certains faits et choses.

Car tout ne s’arrête pas au présent.

Tout ne se résume pas dans le réel.

Si tout se résumait dans l’aujourd’hui et dans ce qui est visible, « être » serait vraiment un non-sens, une ineptie, une absurdité.

Mais ils viennent des lendemains, même s’ils déchantent, qui nous obligent à lutter, en forçant notre espérance sur ce qu’il y a au-delà des choses visibles et palpables, un plus précieux trésor qu’il faut saisir avant sa mort. Et, là, c’est avec la complicité du « vieux » que nous vivons, ne sachant de quoi sera fait demain.

Et quand la mort débarquera, la faux à la main, chacun pourra partir le cœur tranquille.

On me dira que la mort est un mystère. Mais je ne crois pas dans la mesure où je sais qu’elle existe. C’est ce qu’il y a après la mort qui est un mystère!

Est-elle, la mort, une ouverture à une autre expérience ? Peut-être bien qu’oui, peut-être bien que non. Moi, je ne sais pas.

Qui peut d’ailleurs y répondre en apportant des preuves matérielles irréfutables?

Les humains délirent à ce sujet. Il y a ceux qui peuvent entrer en contact avec l’au-delà et parler aux morts. Il y a ceux qui, après une mort clinique constaté, ont été jusqu’au seuil de l’éternité et sont revenus à la vie : ils ont, semble-t-il, vu une grande lumière d'une blancheur incandescente comme à la sortie d’un tunnel.

Et il y a aussi ceux, nombreux, qui ont fait des rêves, qui ont eu des visions similaires…

Je ne peux pas juger de ces choses puisque je n’en ai aucune idée. Mais ce que je sais, c’est que nul ne sait ce que c’est vraiment la mort, ni ce qu’il y a après cette vie.

C’est vrai que le départ d’un être cher, crée un vide tellement énorme, que la mort nous paraît être un non-sens. Mais, je vais vous dire une chose, à vous qui me lisez :

- Le vrai vide de l’existence, le véritable non-sens de la vie et l’être, c’est le manque d’amour.

Lorsque l'amour qui devait être, n’est pas là, lorsque la vérité est remplacée par le mensonge, lorsque la vérité est considérée comme vile pour des basses raisons ou pour des intérêts égoïstes, là c’est vraiment absurde. Là être, exister devient un non-sens.

Tout se fait, se défait et disparaît. Toutes les vraies valeurs se fondent comme du beurre devant les puissantes raisons qu’avance le système du gouvernement mondial, se confondent avec les vilaines choses de la terre et se perdent dans le néant de la folie meurtrière humaine.

Les jours qui se suivent comme les mailles d’une chaîne, emprisonnent les vivants dans une sorte d’indicible désespoir dans tous les domaines et secteurs d'activités. L’avenir qui ne se rassasie pas des jours, est tellement incertain. Surtout pour la jeunesse.

Le temps engloutit des jours un à un, sans résoudre les problèmes qui se posent au présent. Nous, nous ne voyons rien passer. Nous vieillissons sans que nous nous en rendions compte. ceux qui tuent le temps par des occupations diverses, se rendent compte finalement que c'est le temps qui les avait tués à petit fue, au jour le jour comme le goudron de la nicotine qui s'installe sournoisement dans les poumos du fumeur et le pousse à la mort.

Un jour, nous nous regarderons sur la glace, et ce sera le choc. Nous commencerons alors à compter les années, du bout des doigts. Un an, deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, et…, et…, et… cent quinze ans…

- Déjà ?

- Eh, oui !

C'est comme si nous avions dormi toute notre vie. Nous n’avions pas vu passer le temps, les faits et les choses.

Souvent même, nous avons du mal à nous rappeler les choses que nous avions faites, surtout pourquoi nous les avions faites, des paroles que nous avions dites, pourquoi nous les avons dites, des promesses que nous avions faites, les raisons pour les quelles nous les avions faites.

Il plaira à Dieu, de me laisser le temps qu’il veut, pour vivre ma vie sur terre, mais s’il fallait choisir, pour une fois que je dois choisir, je préférerais qu’il me fasse partir d’ici dans un âge où j’aurais encore mes esprits dans le crâne, ma tête sur mes épaules, et que mon corps tiendrait encore sur mes pieds.

Il plaira à Dieu de me rappeler mes fautes et mes erreurs afin que je puisse de mon vivant approcher ceux que j'ai offensés pour leur demander pardon au nom de Jésus-Christ, mon Seigneur et Dieu.

Vraiment, je n’aimerais pas vivre jusqu’à un âge très avancé. Je ne supporterais pas dépendre totalement des autres dans un monde où les jeunes n’ont plus aucun respect pour les personnes âgées.

Dans la civilisation occidentale que nous avons prise pour modèle de développement, les personnes âgées sont abandonnées à eux-mêmes, leurs enfants ne viennent pas ou plus leur rendre visite. Les jeunes pensent que jamais ils vieilliront un jour.

Bien que le propre de la jeunesse soit d’expérimenter soi-même son existence, c’est quand même dommage que de laisser mourir les personnes âgées dans des maisons de retraite loin des siens. bref ils sont habitués dans ce système et rien de pourra leur faire changer d'avis. La sagesse occidentale est uniquement dans les philosophies écrites alors que l’expérience des personnes âgées, transmises oralement, peut être un outil efficace pour apprendre aux jeunes le respect de la vie.

Une fois, une collègue qui avait des problèmes avec ses parents, me disaient que ça faisait vingt cinq ans qu’elle n’avait pas vu ses parents.

Je précise qu’ils habitaient dans Paris, ses parents et elle.

Cette situation est impensable en Afrique, en tout cas dans mon pays.

Seulement, les habitudes occidentales commencent aussi à gagner du terrain sur les traditions dans les pays africains.

Certaines choses, inimaginables hier, se font aujourd’hui aux yeux et au su de tous.

Aucun commentaire: